En septembre dernier, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) a appelé à une plus grande lisibilité en termes de politique de vaccination. En effet, il est difficile d’y voir clair entre vaccins obligatoires, vaccins recommandés et suspicions d’effets indésirables attribués à certaines injections.La vaccination a été introduite dès le XVIIIe siècle grâce à Edward Jenner. Cette technique de traitement préventif a permis d’éradiquer complètement des maladies comme la variole. D’autres comme la poliomyélite ont disparu de certaines régions du monde, c’est le cas en Europe. Cependant, elles pourraient réapparaître si la vaccination n’était plus pratiquée. C’est pourquoi il est important de dissiper la confusion autour des vaccins.
Obligatoires ou recommandés ?
Actuellement en France, seuls les rappels du vaccin combiné contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTPolio) sont obligatoires jusqu’à 13 ans. Tous les autres vaccins inscrits au calendrier vaccinal sont recommandés. C’est cette différence que pointe le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) estimant qu’elle donne l’impression d’une hiérarchie entre les vaccins. Les vaccins recommandés sont-ils moins importants que les vaccins obligatoires ? Non, d’ailleurs l’obligation de se faire vacciner est rare en Europe. Seuls l’Italie et la France ont encore ce type de politique vaccinale. Les maladies dont les vaccins sont « seulement » recommandés sont encore très dangereuses. L’hépatite b par exemple provoque 1 300 morts par cirrhose et cancer du foie tous les ans. La rougeole, la coqueluche ou les méningites ont, elles aussi, des vaccins efficaces, et pourtant de nombreux cas sont encore recensés chaque année. Ces maladies sont plus fréquentes et ne sont pas moins dangereuses que celles contre lesquelles les vaccins sont « obligatoires ».
Les vaccins : sujets à controverses
À cette confusion s’ajoutent les nombreuses rumeurs qui entourent la vaccination et les effets indésirables que l’on attribue à certains produits. Largement relayées par les médias, ces affaires ont, à chaque fois, pour effet de faire diminuer le nombre de vaccins administrés contre les maladies concernées.
En 2013, l’Association Française de pédiatrie Ambulatoire (AFPA) et le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) lançaient un appel pour redéfinir l’importance individuelle et collective de la vaccination. En effet, si 9 Français sur 10 sont favorables aux vaccins, beaucoup de polémiques ont entaché leur réputation.
Au début des années 90, le vaccin contre l’hépatite b est pointé du doigt à la suite de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaque déclarées quelques semaines après les injections des vaccins. À l’époque, le programme de vaccination qui avait permis d’immuniser près de 20 millions de personnes, a été stoppé selon le principe de précaution. plusieurs études ont depuis dissipé le lien de cause à effet entre le vaccin et la survenue de ces maladies. Toutefois, depuis, le nombre de vaccinations contre l’hépatite b a considérablement diminué chez l’adolescent.
Depuis 2010, c’est le vaccin contre le papilloma virus, responsable de certains cancers de l’utérus, qui est montré du doigt. En effet, certaines jeunes filles ont développé des maladies auto-immunes après s’être fait vacciner. Or, le taux de survenue de ces maladies dans la population vaccinée n’est pas supérieur à celui de la population générale. Ces maladies apparaissent dans toute population avec une fréquence « attendue ». Il n’est pas étonnant qu’un certain nombre surviennent par hasard après vaccination. Toutes les analyses montrent qu’il n’y a pas de lien de cause à effet avec celle-ci. Mais depuis que les premières plaintes ont été déposées, la couverture vaccinale de cette maladie n’a cessé de diminuer laissant sans protection 80 % des jeunes filles.
En 2013, c’est l’aluminium contenu dans les vaccins qui est mis en cause. Certains patients portent plainte contre des laboratoires fabriquant des vaccins dont l’aluminium aurait, selon eux, déclenché une maladie musculaire chez eux. Là encore, de nombreuses études ont été réalisées et ont conclu qu’il n’existait pas de lien de cause à effet entre la vaccination et la survenue de cette maladie. En médecine, le risque zéro n’existe pas, cependant, dans le cas de la vaccination il est intéressant d’évaluer le rapport bénéfice/risque. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la vaccination est le traitement le plus rentable mis en place en termes humains puisqu’elle permet de sauver 2 à 3 millions de vies par an dans le monde.