Les dépressions du post-partum (baby blues) sont plus fréquentes qu’on le croit : 10 à 15% des naissances sont concernées. Les professionnels nous en disent plus sur les mécanismes de cette déprime de la jeune maman.
L’étranger en moi
« L’étranger en moi ». C’est le titre du film de l’allemande Emily Atef, qui raconte l’histoire de Rebecca, qui désespère de ressentir pas l’amour maternel qu’elle était censée éprouver pour son premier enfant. L’histoire d’une femme comblée pendant sa grossesse, qui se retrouve face à un bébé qu’elle considère comme un parfait étranger. Si la dépression du post-partum est tabou, c’est parce qu’elle va à l’encontre du sentiment et de l’instinct maternels qu’on attend de chaque jeune maman.
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A l’occasion d’une rencontre des spécialistes de santé et de la responsable de la ligne Allo Parent Bébé, partenaire de ce film, le phénomène de la dépression post-partum a été discuté sans tabou. Pour Françoise Rosenblatt, responsable du numéro vert Allo Parent Bébé, c’est un sujet dont on ne parle pas assez. Résultat : les mères qui dépriment sont désemparées, d’abord parce qu’elles ne savent pas ce qui leur arrive, ensuite parce qu’elles ne savent pas vers qui se tourner. « 20% des appels reçus sont de véritables appels de détresse, des SOS de parents dépassés par l’arrivée d’un bébé dans leur vie. », explique-t-elle. Parler de son mal-être est la première étape. Et pour aider les parents à s’ouvrir, l’anonymat est un point clé.
Quand l’amour maternel est absent
Pour la psychiatre Linda Morisseau, « mère et bébé doivent s’adapter mutuellement, mais les choses ne sont pas une évidence pour toutes les mères. » C’est justement cet amour maternel qui n’est pas toujours au rendez-vous qui pose problème : ce n’est pas ce qu’elles attendaient de la naissance de leur enfant. « La plupart du temps, la dépression est dissimulée. Les mères le cachent à leur entourage, à elles-mêmes. Il n’y a pas de confidence possible : les troubles s’expriment alors à travers des manifestations psychosomatiques. C’est bien souvent l’enfant qui manifeste le problème à travers des troubles du sommeil, de l’alimentation… »
« Ca va passer »
Pourquoi les mères dépressives ne demandent-elles pas d’aide ? D’après Nine Glangeaud, chargée de recherche au CNRS, trois facteurs entrent en compte. D’abord, les mères ont du mal à reconnaître qu’elles sont déprimées. « Elles ont peur qu’on les juge, qu’on pense qu’elles sont de mauvaises mères. » L’entourage joue bien souvent un rôle culpabilisant, en minimisant le mal-être de la mère. A coup de « Ca va passer » et autre « Secoue-toi », l’entourage met facilement la mère dans une position de coupable. Enfin, si les mères déprimées décident de faire appel à un spécialiste, elles rencontrent souvent le mauvais. Forcément, elles cherchent à traiter les maux physiques, sans encisager que c’est d’une dépression qu’elles souffrent. « Elles se rendent chez le kiné pour des maux de dos, ou chez le pédiatre car l’enfant dort mal. »
La dépression du post-partum peut avoir des conséquences sur le développement de l’enfant. Elles sont plus sévères lorsque la dépression est suivie de rechutes, mais peut dans tous les cas entrainer « des difficultés socialisation, et même un risque de dépression plus tard ». Pour venir en aide à ces mères désemparées, la ligne Allo Parent Bébé est disponible à tout moment. Et dix-neuf unités Mères-Bébé sont réparties dans toute la France pour accueillir mères et enfants pendant la première année qui suit la naissance.