Dans le ventre de maman déjà, bébé s’aménage des horaires de sommeil aléatoires et totalement arbitraires. Bercé par les mouvements de maman, il se repose la journée pour mieux s’exprimer la nuit lorsque maman dort. Ce rythme là, il faudra du temps pour le réadapter.
Du haut de ses premiers instants de vie, bébé n’est pas encore capable de différencier le jour de la nuit, ce qui est tout à fait normal après avoir passé neuf mois à l’ombre. Toutes les fonctions de son corps ne sont pas encore établies. Ses capacités de réserves n’étant pas encore fonctionnelles, bébé réclamera à manger toutes les trois heures environ, jusqu’à ce qu’il atteigne un poids minimum (en général de 5kg). Ainsi, lors des tout premiers mois, les pleurs de bébé sont généralement synonymes de faim.
Six mois sinon rien
Les ouvrages théoriques, en matière d’éducation, consiste souvent à instituer en règle des cas particuliers. Il faut donc rappeler que chaque enfant est différent. en matière de sommeil de bébé, c’est plus vrai que jamais.
Alors, si l’on peut approximativement donner des repères d’âge quant au développement physiologique d’un enfant, il n’existe pas de véritable loi régissant ses réactions et son comportement. Quelques troubles mis à part, bébé dort quand il est prêt. « Ma fille a mis beaucoup de temps avant de faire ses nuits, jusqu’à ses dix mois je ne voyais plus le bout du tunnel » confie Cécile, maman d’une petite Camille âgée aujourd’hui de trois ans. « Au départ, je pensais qu’elle allait s’arrêter automatiquement au bout de 3 mois, puis de 6 mois. Mais rien n’y faisait, elle se réveillait toutes les nuits jusqu’à ses dix mois. Mon compagnon et moi ne tenions plus debout tant c’était épuisant. On a longtemps cru qu’elle avait un problème, on l’a emmenée voir plusieurs spécialistes mais en réalité elle n’avait rien. C’est notre angoisse qui l’angoissait à son tour »
Dans cette course au bébé parfait, certains se targuent de l’excellence de leur bambin. Bébé a fait ses nuits à 6 mois, il a marché à 11 mois et parlé à 13 mois, codes de la réussite moderne. Or, il faut rappeler qu’il n’existe pas de prototype sur lequel tous les bébés devraient s’aligner sous peine d’être qualifiés d’anormaux. Les nourrissons ont un développement qui leur est propre. D’ailleurs, la pédiatre Edwige Antier parle de « l’anarchie des 100 premiers jours » qui se manifeste notamment sur le sommeil. Les nuits deviennent de plus en plus désorganisées car elles dépendent de « la sensation de faim, de satiété et de l’horloge du cerveau fœtal » explique la pédiatre. Les pleurs de bébé, les premières semaines, sont donc le fruit d’un véritable besoin. Le laisser pleurer sous prétexte de lui apprendre la vie à ce moment de son existence n’est donc pas une bonne idée.
Le sommeil de bébé : la régulation jour-nuit
Au fil des jours, puis des semaines, l’horloge biologique va se mettre en place. Bébé restera éveillé plus longtemps en journée et c’est ainsi que va se créer peu à peu son rythme de sommeil nocturne. Il est possible d’accompagner le nourrisson dans ce processus de reconnaissance, en accentuant les différences entre le jour et la nuit. En évitant par exemple de le plonger dans le noir pour faire sa sieste. On peut également s’adresser à lui à voix haute. En revanche, la nuit, il vaut mieux lui parler en chuchotant, et bien entendu le coucher dans le noir. Il commencera ainsi à distinguer deux périodes différentes et comprendra que la nuit est plus propice au repos et au calme. Ces repères permettront d’accompagner son processus de maturation, car ce n’est qu’entre 3 et 6 mois que bébé sera biologiquement apte à organiser des phases de sommeil. A ce stade, il est possible que bébé fasse des nuits complètes, ou au moins des nuits de 6 heures d’affilée. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Que se passe-t-il quand bébé dort ?
Le sommeil de bébé est très précieux. C’est pendant les phases de sommeil que se renforce leur métabolisme et surtout que se structure leur cerveau. Des chercheurs ont également mis en avant des liens entre le sommeil et le fonctionnement du système immunitaire. C’est pourquoi le réguler est important pour leur développement physiologique. Kyra Karmiloff psychologue et chercheur à Cambridge affirme que « le sommeil influe sur le développement socio-affectif d’un bébé ». En effet, tout le monde aura constaté qu’un bébé mal reposé est bien souvent grognon et plus sujet aux sanglots.
Afin de favoriser au mieux le développement de son tout-petit, il est important de mettre en place un rituel d’endormissement. Dès les premiers signes de fatigue, on évite de proposer à bébé des activités bruyantes et agitées. On lui propose un enchaînement de quelques gestes chaque jour identique (lecture d’un petit livre, dernier câlin, etc.) qui se termine par la séparation et l’entrée dans le sommeil. Anne Bacus, psychothérapeute, explique que « parce qu’il est répété quotidiennement et semblable dans son déroulement, il a une valeur rassurante pour l’enfant, l’aidant à se sentir en sécurité et à bien d’endormir. » Car il est vrai qu’un enfant qui dort bien est un enfant serein et heureux.