Le mode d’alimentation agit sur la croissance de la mâchoire dès les trois premiers mois de bébé. Les orthodontistes insistent aujourd’hui sur l’importance de l’allaitement maternel (quand cela est possible pour la mère) capable d’assurer ainsi une croissance optimale de la mâchoire du nourrisson.
Les bienfaits de l’allaitement maternel d’un point de vue nutritionnel sont actuellement bien connus et admis par toute la communauté médicale : si l’on sait que le poids du bébé triple au cours de sa première année, que sa taille augmente de 50 % et que le poids de son cerveau croît de 2 grammes par jour, on s’aperçoit que l’enjeu est d’importance. De plus, on sait aussi que ce lait maternel réduit les risques d’allergies et d’infections gastro-intestinales, prévient le surpoids…
L’allaitement favorise un développement harmonieux du visage
Par contre, ce que l’on sait moins, c’est que l’allaitement maternel favorise le développement harmonieux du visage de l’enfant. En effet, la tétée au sein, contrairement à la tétée au biberon, nécessite une gymnastique musculaire intense. Le bébé happe le sein, avance sa langue et sa mâchoire inférieure et serre énergiquement le mamelon contre son palais pendant qu’il serre les lèvres pour maintenir ce mamelon dans sa bouche. La tétée au sein se fait dans un mouvement complexe mettant en jeu tous les muscles de la langue, des joues, des lèvres et des mâchoires.
Or, à sa naissance, le bébé a pratiquement toujours un menton en retrait et c’est cette gymnastique effectuée lors de la « traite du sein » qui va remodeler son profil.
Par ailleurs, les pressions exercées à l’intérieur de sa bouche vont développer également les maxillaires dans toutes leurs dimensions, préparant ainsi les arcades dentaires à recevoir les futures dents
L’allaitement améliore la ventilation de bébé
Ce mode d‘allaitement a également un autre avantage : il oblige le nourrisson à ventiler par le nez. Il contribue donc à l’apprentissage de ce mode de ventilation. A l’inverse, quand le bébé prend le biberon, il peut avaler et ventiler alternativement par le nez et par la bouche car le biberon ne nécessite ni fermeture labiale hermétique ni travail musculaire important.
Donc, après un rhume par exemple, l’enfant peut conserver ce mode de ventilation par la bouche avec les inconvénients que l’on connaît.
Par ailleurs, la tétée du sein, par le travail musculaire intense qu’elle demande, fatigue le bébé qui, épuisé, s’endort ainsi plus facilement, sans prendre son pouce.
La première année de la vie est une période de croissance exceptionnellement intense et rapide, durant laquelle il est souhaitable que le nourrisson bénéficie de tous les stimuli nécessaires à une croissance faciale optimale.
L’allaitement au sein prolongé, de 6 à 12 mois, sans éliminer tous les risques de voir apparaitre des malpositions dentaires, peut constituer un moyen de prévention simple, et agréable, de ces malpositions si répandues de nos jours. Donc pas de scrupules pour celles qui repoussent le sevrage au-delà de 6 mois.
Docteurs Jacqueline Kolf et Jean-Louis Raymond, membres de la Fédération Française d’Orthodontie