Le « bébé-médicament », un double espoir

Le 26 janvier dernier est né le 1er « bébé-médicament » de France : Umut-Talha. Focus sur cette procédure…

Qu’est ce que le « bébé-médicament »?

Le bébé médicament est plus justement appelé « bébé du double espoir » ou « bébé docteur ». C’est un bébé conçu de façon à sauver la vie de son frère ou de sa sœur ainé(e), gravement malade. Pour cela, on procède à une fécondation in vitro et on choisit avec un diagnostique pré-implantatoire (DPI) un embryon sain ET compatible avec l’enfant à sauver. Cela rendra possible une greffe de sang à l’aide du cordon ombilical ou, plus tard, un don de moelle osseuse.

Le premier bébé docteur de l’histoire est né en 2000 aux Etats-Unis. Cette procédure est légale en France depuis 2004 par la loi bioéthique à condition qu’elle soit strictement encadrée : il faut que soit démontré le caractère incurable de la maladie de l’aîné pouvant entrainer un décès dans les premières années de la vie ainsi que la possibilité d’amélioration décisive de l’état de santé de l’enfant malade, enfin, la procédure ne soit pas porter atteinte à l’intégrité du corps de l’enfant sauveur. C’est l’agence de Biomédecine qui accepte ou refuse les dossiers.

Umuth-Talha: l’espoir

Le petit Umut-Talha (« Notre espoir » en Turc), né le 26 janvier dernier en très bonne santé, est l’un de ces petits sauveurs. Ses parents sont déjà les parents d’une fille et un garçon tous deux gravement touchés par la bêta-thalassémie, maladie du sang nécessitant des transfusions sanguines régulières.

Les professeurs René Frydman et Arnold Munnich sont, entre autres, les acteurs de cette naissance. Après accord de l’agence de la Biomédecine, la procédure a été lancé il y a un peu moins d’un an. Sur 5 embryons fécondés, la DPI permit d’en sélectionner 2 sains dont 1 compatible, qui furent implantés grâce à une insémination artificielle. L’un de ces embryons, (celui qui était compatible!) arriva à terme : Umut-Talha. Ce « bébé du double espoir » est né à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart.

Des prélèvements sanguins ont été effectués sur son cordon ombilical et conservés pour une greffe ultérieure sur sa grande sœur.

Quelques contestations

La pratique de la double DPI fait débat sur l’éthique, l’eugénisme. Edith Cresson a notamment fait une intervention télévisuelle remarquée à ce sujet. La communauté catholique sous l’égide du cardinal André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France a également condamné cette opération qui divise beaucoup. La pratique est d’ailleurs formellement interdite en Allemagne et en Italie. La procédure en elle-même fait également débat : accusée d’instrumentaliser un être humain, de rendre un enfant « utile ».

Cependant il est juste de rappeler que les parents voulaient avant tout agrandir leur famille puisqu’ils ont choisi d’implanter les deux embryons. De plus, ce procédé n’est pas nouveau, si on considère que l’on n’a pas attendu la DPI pour la pratiquer: les parents d’enfants malade ont, bien avant l’existence de la DPI, tenté de faire un enfant dans l’espoir qu’il soit compatible avec l’ainé. Enfin, si la plus belle chose au monde est de donner la vie, n’est ce pas doublement réussi avec le « bébé du double espoir » ? : Les parents donnent la vie et sauvent la vie à la fois. Cet acte est donc à voir avant tout comme un acte d’amour, c’est un bébé à aimer et qui permet de continuer à en aimer un autre.

Bébé médicament: le témoignage

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