Chez les tout-petits, un bout de ficelle suffit au bonheur d’un après-midi. Cela semble si simple, inné même, le don qu’ils ont de s’amuser d’un rien. Pourtant, il faut de bonnes conditions dès le début de la vie pour développer sa capacité à jouer. Retour sur un apprentissage indispensable pour grandir en harmonie.
Bébé joue, une activité à prendre au sérieux !
Dans le DVD qui accompagne le livre passionnant « Marcher, parler, jouer – 0-6 ans, les années clés du développement de l’enfant » (sorti chez Nathan en 2007), Jacqueline Nadel, directrice de recherche au CNRS, raconte que pour l’enfant, le jeu est un vrai travail, par lequel il se découvre et découvre le monde, il prend conscience de lui et des autres.
La psychologue Anne-Marie Fontaine, co-auteur de ce livre, précise que « pour bien jouer ensemble, les jeunes enfants ont besoin d’un long apprentissage qui prend environ trois ans ». Cela débute avec les parents, qui font inconsciemment tout ce qu’il faut pour faciliter la communication avec leur bébé : rapprocher leurs visages du sien, transformer leurs voix et leurs mimiques, fragmenter leurs phrases, répéter plusieurs fois la même chose avec des variantes, utiliser beaucoup d’exclamations, de mots brefs, de bruitages…
Ils transmettent ainsi « le mode d’emploi et le plaisir de communiquer : on est deux, il faut se regarder, on s’envoie des signaux, c’est chacun son tour, on partage des émotions et du plaisir ».
Bébé joue, bébé se dispute… il apprend
Les bébés ont donc bien plus de communication avec les adultes qu’avec leurs pairs. Ainsi, quand on observe des enfants dans une crèche ou au square, on s’aperçoit, à la fin de leur première année, que les interactions entre eux sont encore rares et brèves (quelques secondes le plus souvent). Mais entre un et deux ans, ça n’est plus du tout la même histoire ! Les conflits entre enfants abondent, avec pleurs, cris stridents et regards éplorés vers l’adulte. A cet âge en effet, « les enfants commencent à vouloir garder l’activité qu’ils ont en cours et essaient de résister aux camarades qui cherchent à leur prendre ».
Or en même temps, « leur mobilité nouvelle multiplie les occasions de voir les actions des autres », et donc d’avoir envie de faire pareil… Alors, si vous commencez à en avoir assez de gérer les disputes de votre bébé qui pique les jouets des autres et se les fait subtiliser à son tour, consolez-vous en vous disant que « désirer garder le jeu auquel on s’intéresse est un progrès indispensable pour la construction de soi ». De même, évitez de dire à un enfant entre 12 et 30 mois qui prend l’objet d’un autre qu’il est « vilain » : en fait, « il n’a pas l’intention de l’embêter, il a seulement l’envie immédiate de faire comme lui » assure Anne-Marie Fontaine. Et faire la même chose que l’autre en même temps, imiter, c’est également un gros progrès dans le développement social et la construction de l’identité personnelle ! Alors, pour aider votre enfant à se construire, aller vers les autres et limiter les conflits, n’hésitez pas à investir dans quelques jouets identiques en plusieurs exemplaires (comme deux seaux et deux pelles) !