Que faire quand bébé pleure ?

Ce n’est malheureusement pas parce qu’on a mis un enfant au monde qu’on sait tout de suite comment s’y prendre avec lui. Ce serait trop facile. Alors on peut serrer les dents et essayer de faire abstraction du marteau piqueur que bébé a planté dans notre cervelet… ou lui répondre. Ci-joint quelques « antisèches » pour aider à décrypter ses pleurs et surtout résister à l’envie de le secouer ! Le petit tout nouveau tout beau n’a pas été livré avec un mode d’emploi. Et ça n’est pas les trois premiers jours à la maternité qui vont suffire à l’apprivoiser : on y apprend surtout les gestes un peu techniques, le bain, le change, la tétée. On est tout à notre bonheur de voir enfin bébé et de recevoir les hommages des invités. Et à la moindre question, on peut interroger les professionnels.

De retour à la maison, c’est une autre histoire… « Rentrés chez eux, les bébés ne semblent plus hésiter à se montrer sous leur vrai jour, pleurant tous un peu et certains beaucoup », prévient Le petit Larousse des bébés. Et si papa est maintenant souvent là pour aider maman, il n’est pas plus expérimenté qu’elle. Ensemble, ils peuvent se sentir très démunis face aux braillements intenses de leur si petit bébé.

Bébé pleure pour communiquer

Avant toute chose, il ne faut pas oublier : même heureux, un bébé pleure, car c’est le principal moyen de communication dont il dispose pour exprimer ce qu’il ressent et provoquer une réaction. Il est donc tout à fait normal qu’un bébé chouine souvent. Il n’en reste pas moins qu’il est important de réagir.

Si vous ne répondez pas à ses pleurs, ils vont s’intensifier, bébé va perdre confiance en lui, en vous et sera ensuite très long à consoler. Dans un livre paru en 1985 et qui fait toujours référence (Que faire quand bébé pleure ? Vivre avec un bébé aux besoins intense toujours en vente sur le site de La Leche League), le docteur William Sears, professeur agrégé de pédiatrie à l’Université de Californie du sud, ajoute que si la maman répond aux pleurs du bébé rapidement et, mieux, si elle anticipe ses pleurs en analysant ses signaux, alors le bébé développera ces fameux signaux et perdra l’habitude de pleurer… vers 6 mois. Courage !

Il explique aussi que la prolactine, sorte d’hormone de l’instinct maternel, est sécrétée quand la mère répond aux besoins de son enfant. Donc, si elle laisse son bébé pleurer, son taux de prolactine va diminuer et sa sensibilité de mère s’émousser… Enfin, le Dr. Sears affirme qu’un bébé qui obtient des réponses immédiates à ses pleurs se développe plus rapidement au plan moteur et intellectuel, car il perd moins d’énergie à pleurer et peut se consacrer à autre chose.

Sa conclusion : en répondant aux pleurs de votre enfant, non seulement vous ne risquez pas de le rendre capricieux, mais vous boostez son intelligence ! Une théorie à se rappeler quand bébé nous réveille pour la 3e fois au milieu de la nuit… Et pour s’en sortir au début, on se constitue une petite « chek-list » des causes possibles de pleurs et des signaux qui les accompagnent.

Quand la faim se fait sentir

Si bébé tourne la tête et semble chercher à téter, s’il se mordille la main ou essaye de mettre quelque chose dans sa bouche, et si en plus c’est bientôt l’heure de le nourrir (toutes les trois heures environ au début), ses pleurs sont ceux de la faim.

S’il pleure avant l’heure, mais qu’il a bu son dernier biberon entièrement et avidement, c’est qu’il a peut-être besoin d’augmenter la dose.

Quand on a choisi d‘allaiter à la demande, il faut se rappeler que l’écart entre deux tétés peut être plus réduit qu’entre deux biberons (parfois juste une heure), car le lait maternel se digère en seulement vingt minutes.

Enfin, si bébé se contente de votre petit doigt dans la bouche ou d’une tétine, c’est qu’il avait juste envie de téter, pas de manger ! Le besoin de succion d’un nourrisson est très important, et il risque de vous solliciter pour le satisfaire jusqu’à ce qu’il sache attraper son pouce tout seul (vers deux mois).

Le rot peut être gênant

En général, après la tétée (plus au biberon qu’au sein), parfois au milieu ou dans l’heure qui suit, bébé peut avoir besoin de roter, une fois ou plusieurs. S’il s’est endormi, il peut très bien se réveiller en pleurant parce qu’un rot le gêne…

Il suffit alors de le prendre dans les bras et de le redresser, voire de l’asseoir pour l’aider à sortir son rot, avant de le recoucher. Cela dit, certains bébés s’en passent tout à fait, et il n’est absolument pas nécessaire de réveiller un bébé endormi pour le faire roter.

Bébé a trop chaud ou trop froid

Pour savoir si c’est le cas, touchez les mains et la nuque de bébé. S’il transpire, il râlera très rapidement, les bébés ne supportent pas d’avoir trop chaud. S’il a froid, couvrez-le, mais surchauffez pas sa chambre. Elle doit rester à 19-20 degrés. Les nourrissons ont souvent les mains fraîches sans pour autant avoir froid, car « l’autoréglage » de leur température corporelle n’est pas encore au point.

Pleurs de fatigue

Les pleurs sont souvent un signe de fatigue. Pour en être sûr, mettez-vous au calme avec bébé, prenez-le dans vos bras en le tenant doucement, chantez-lui une chanson en le berçant, donnez-lui sa tétine s’il en prend une. S’il se frotte les yeux ou le visage avec ses mains ou contre vous, c’est qu’il a sommeil. Et si malgré sa fatigue bébé n’arrive pas à s’endormir, vérifiez que rien d’autre ne le gêne (couche sale, colique…).

Enfin, il faut savoir qu’un bébé est très sensible aux émotions de sa mère, et notamment à sa tension nerveuse. « Le bébé d’une mère fatiguée aura tendance à pleurer pour l’appeler et dire son inquiétude, ce qui ne fera que crisper d’avantage la mère ». Alors « tentez de garder votre calme et de répondre au mieux à votre bébé avec ce que vous êtes », écrit Anne Bacus dans Votre enfant de la naissance à 3 ans (Marabout).

Les maux de ventre du nourrisson

Les maux de ventre sont fréquents chez les tout-petits, car leur système digestif n’est pas encore mature. Bébé pleure, se tortille, lâche des « pets » et son ventre est tendu. On peut alors lui masser le ventre puis le tenir dos contre soi, les genoux relevés.

Le portage en écharpe, jambes relevées sur les côtés, est souvent très efficace pour soulager bébé. Un traitement homéopathique ou des médicaments peuvent aussi aider.

Bébé fait ses dents

Bébé pleure, mordille tout ce qui passe et salive en abondance : c’est sûrement ses dents qui le gênent. Joues rouges, fièvre, diarrhées, rhumes, bronchites peuvent également accompagner la poussée dentaire. Cela peut commencer dès 3 mois, et recommencer à chaque nouvelle dent ! Le durcissement des gencives puis la sortie des dents sont douloureux (pour des adultes, ce serait carrément à tomber dans les pommes). Une crème anesthésiante sur les gencives et des anneaux réfrigérés à mordiller donnent parfois de bons résultats.

Bébé est-il malade ?

C’est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à déchiffrer, car le bébé n’a que ses pleurs pour s’exprimer. Dans le doute, commencez donc par prendre sa température : s’il a plus de 38°, déshabillez le et donnez-lui un médicament adapté à son âge et son poids. Offrez-lui souvent à boire. Si la fièvre persiste plus de 24 heures, consultez.

Le besoin de réconfort

Bébé pleure, et vos bras le calment ! C’est qu’il avait juste besoin d’un câlin. Un câlin, c’est ce qu’il y a de mieux quand on a peur et qu’on se sent seul… Dites-vous toujours qu’un tout-petit ne fait jamais de caprices, du moins pas avant environ 8 mois, l’âge auquel il commence à comprendre que pleurer vous fait courir à son chevet. Avant 8 mois donc, s’il réclame sa dose d’affection, c’est qu’il en a besoin. Là encore, le portage en écharpe est idéal : à la fois pratique pour les parents et très rassurant pour le bébé.

Les pleurs inexpliqués

« Huit bébés sur dix ont des pleurs quotidiens difficilement explicables, qui peuvent durer de quinze minutes à une heure » explique Le Petit Larousse des bébés.

Ces crises se produisent le plus souvent le soir. On pense que le bébé a peut-être simplement besoin de décharger sa tension le soir, après une journée à percevoir et à analyser toutes les images, les sons, les odeurs et autres stimuli de son environnement. Le plus souvent, les crises disparaissent avant trois mois.

Tenez bon ! Le portage joue aussi ici. D’ailleurs, dans les sociétés où les bébés sont portés en permanence, les longues crises de pleurs chez les bébés en bonne santé sont inconnues…

Des pleurs qui rendent fous

On estime qu’un bébé sur cinq a des crises quotidiennes très importantes : « l’enfant semble inconsolable, les pleurs tournent aux hurlements et l’épreuve dure trois heures, parfois beaucoup plus », indique Le Petit Larousse des bébés. Ces crises-là sont souvent liées aux coliques du nourrisson, mais d’autres facteurs peuvent jouer, comme le surmenage sensoriel, le reflux gastrique ou la fumée de cigarette.

Les pleurs commencent au cours de la troisième semaine et atteignent leur paroxysme vers la sixième. Ici aussi, à trois mois, la plupart des bébés semblent « guéris », mais en attendant, leurs parents risquent leur santé mentale !

Restons calmes !

Les pleurs incessants d’un nourrisson peuvent éveiller des sentiments d’anxiété, d’impuissance, de frustration, d’incompétence et même de colère et d’hostilité, au point d’en arriver parfois à maltraiter la chair de sa chair. Le ton monte, les poings se serrent, le visage se tend, le coeur bat plus fort, on marche dans la maison en se prenant la tête à deux mains. Si en plus on a chaud ou mal à la tête, qu’on se met à crier ou à jurer et à taper sur la table, le bébé est en danger.

Que faire alors ? D’abord, respirer et se répéter qu’il est normal qu’un bébé pleure, que cela ne signifie pas pour autant qu’il a un problème. Quand on ne sait plus quoi faire et qu’on a peur de déraper, on place son bébé dans un endroit sécurisé (lit, transat) et on s’éloigne ! On va respirer, pleurer, crier, compter, serrer un objet dans ses mains, prendre une douche… puis essayer de parler à quelqu’un. Dire qu’on n’en peut plus soulage, relâche la tension.

Des numéros d’écoute spécialisés existent, comme Allo parents bébé, un numéro vert national (0 800 00 3456) d’Enfance et Partage. Selon cette association, chaque année environ 300 bébés sont secoués par des parents à bout de nerfs. Pour éviter d’en arriver là, son idée n’est pas de mettre un psychologue derrière chaque difficulté, mais de renvoyer les parents sur les bons interlocuteurs. N’hésitez pas !

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