Augmentation des pesticides dans l’eau potable

Depuis 1 an les taux de pesticides dans l’eau potable ont été multipliés par 5. Adaptation fantaisiste d’une directive européenne, les normes sur la qualité de l’eau française se basent sur la « valeur sanitaire maximale ».Depuis février 2011, une instruction de la Direction Générale de la Santé (DGS), une instance attachée au ministère de la Santé, a multiplié par cinq la concentration maximale autorisée de pesticide. A l’origine des normes sur la qualité de l’eau, on trouve une réglementation et une directive européenne, la 98/83/CE. Elle stipule qu’il ne peut y avoir plus de 0,10 µg/L (microgramme par litre) d’un pesticide individuel et que le seuil monte à 0,50 µg/L pour l’ensemble des pesticides. Jusqu’ici pas de problème particulier, sauf que le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF), dans un avis du 7 juillet 1998, explique que « la valeur réglementaire applicable à chaque substance n’est pas suffisante pour évaluer et gérer une situation de non-conformité des eaux distribuées ». Pour le CSHPF, il faut également considérer la valeur sanitaire maximale (Vmax), définie notamment par l’OMS. Et c’est seulement « lorsque le dépassement est supérieur à 20% de la valeur maximale sanitaire pendant plus de 30 jours consécutifs » qu’une interdiction provisoire de consommation peut être prononcée.Aujourd’hui, grâce à l’ONG Générations Futures et son président François Veillerette, on apprend donc que pour la DGS c’est 100% de la Vmax du pesticide concerné qui devra être atteinte pour que les restrictions de distribution débutent. La note explique par ailleurs que « le CSHPH fait référence à un seuil à 20% de la valeur sanitaire maximale, qui ne revêt aucune signification sur le plan sanitaire ». Ainsi les mesures et les évaluations et recommandations faites par la DGS émanent de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses). Concrètement, si on prend l’herbicide qu’est l’atrazine, 20% de sa Vmax avant février 2011 donnait 0,4 µg/L, alors qu’aujourd’hui on tolère jusqu’à 2 µg/L avant une interdiction de consommation… François Veillerette souligne aussi les nouveaux chiffres du ministère. En 2009, de 34 300 personnes touchées par la présence excessive de pesticide qui nécessitait une restriction, on est passé à 8939 personnes avec les nouvelles règles en vigueur et la tolérance accrue aux pesticides qu’elles impliquent. Le président de l’ONG dénonce « une amélioration en trompe l’œil qui n’est due qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation ».

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