Le bisphénol A, soupçonné de perturber l’équilibre hormonal du corps, entre dans la composition de près de 90% des biberons en plastique. Le gouvernement canadien a fait part de ses doutes en avril 2008, la France s’est alors empressée de faire appel à ses experts, un vif débat s’est installé sur la toile. Quoi de neuf sur le sujet ?Le bisphénol A ou BPA est l’un des composants du polycarbonate, un plastique rigide et transparent. Il se trouve dans les revêtements intérieurs des conserves, le plastique de certaines bouteilles et biberons, les récipients alimentaires en plastique…
Cette molécule imite la principale hormone sexuelle féminine, appelée œstradiol.
Elle est donc susceptible de perturber l’équilibre hormonal d’un organisme humain (particulièrement sensible lors de la période périnatale). S’appuyant sur des expérimentations animales, les chercheurs ont observé l’impact du bisphénol A : pubertés précoces chez les filles, baisse de la production de spermatozoïdes, troubles du comportement ou du développement chez l’enfant.
Mais à partir de quelle dose, l’homme est-il en danger ?
Bisphénol A : Le Canada lance la polémique
Dans le cadre de son « Plan de gestion des produits chimiques » lancé en 2006 et compte tenu de l’incertitude soulevée par certaines études sur les effets potentiels de faibles niveaux de bisphénol A, le Canada s’est interrogé en avril 2008.
Appliquant le principe de précaution, le pays a décidé (en octobre) d’adopter des mesures législatives pour interdire l’importation, la vente et la publicité des biberons en polycarbonate.
En mai, la France interrogeait ses experts de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA). Conclusion des travaux publiés à la fin de l’année : pour l’ensemble des groupes de population étudiée, les estimations d’exposition sont inférieures à 30% de la dose journalière tolérable (fixée à 0,05 mg de BPA par kg de poids corporel par l’autorité européenne de sécurité des aliments).
En fait, pour atteindre la dose journalière tolérable, un enfant de 3 mois pesant 6,1 kg devrait boire au biberon 1060 ml d’eau ou de lait par jour ! Mais qui sait ce que démontreront les études à venir ?
L’avis de Jean-Pierre Cravedi, directeur de l’Unité Xénobiotiques à l’INRA de Toulouse.
La controverse sur le BPA est apparue il y a plus de 5 ans aux Etats-Unis et les recherches entreprises depuis n’ont pas permis de trancher complètement sur l’innocuité de cette substance, en particulier pour l’exposition des nouveau-nés.
Beaucoup de travaux menés en laboratoire ne sont pas directement extrapolables à l’homme ce qui rend l’évaluation délicate. Je pense que les éléments dont nous disposons aujourd’hui ne permettent pas de dire qu’aux doses auxquelles nous sommes exposés, le BPA présente un danger pour la santé.
Il faut cependant continuer les recherches, en particulier celles qui portent sur l’exposition du fœtus et du nouveau-né.
Les industriels réagissent. Le point chez Philips Avent avec Jessy-Claude Pirraud, directrice marketing pour la gamme produits bien-être.
La polémique est née d’une désinformation. Les industriels connaissent le BPA depuis des années.
Des normes ont été établies, que nous respectons et qui nous permettent de dire que les consommateurs ne prennent pas de risque en utilisant nos produits. Des laboratoires indépendants effectuent très régulièrement des tests avant la mise sur le marché de nos biberons et autres.
Depuis la polémique en mai dernier nous jouons la carte de la transparence via notre site Internet (dont une partie est consacré au BPA) et notre service consommateur. Néanmoins, pour tous les parents qui n’entendent pas ces messages nous nous apprêtons à sortir une gamme de biberons sans bisphénol.