De mémoire d’allaitement

Les cellules ont-elles de la mémoire ? Si on en croit l’équipe de Patrice Mollard, de l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier, en collaboration avec le CNRD et l’Inserm, la réponse serait positive. Et qui plus est pour les cellules qui déclenchent l’allaitement. Précisions.

L’équipe de chercheurs a mis en évidence que d’autres cellules que celles des systèmes immunitaires et cérébraux possèdent la faculté de mémoriser. Ce phénomène a été identifié au niveau du système endocrinien, producteur d’hormones.

A la base il y a une glande, l’hypophyse. Elle-même séparée en trois zones : le lobe intermédiaire, la posthypophyse et celle qui nous intéresse, l’antéhypophyse. Cette dernière sécrète plusieurs hormones notamment de croissance, et surtout celle responsable du développement mammaire et de la lactation : la prolactine. 

Comment ça marche ?

Grâce à l’imagerie médicale, les médecins ont pu observer les interactions du réseau des cellules productrices de prolactine à trois reprises différentes pendant l’allaitement. Durant la période pré-allaitement, les cellules sont faiblement connectées les unes aux autres. Au moment de l’allaitement on constate une augmentation de la communication intercellulaire, de la productivité tissulaire et de la connectivité. Puis trois mois après la fin de l’allaitement, il s’avère que la toile d’araignée des cellules est toujours en place. Comme si le réseau avait été mis en mémoire.

Patrice Mollard nous explique que : « par la suite, même un stimulus (tétée) entraînera une réponse plus coordonnée et plus efficace. Le réseau sécrétera plus de prolactine et provoquera à nouveau un accroissement de la production tissulaire ». Concrètement la production du lait se fera conséquente et rapide après la première grossesse. Le corps connaissant déjà le principe de l’allaitement et les cellules a réactivé. Si les tests ont été menés sur des souris, les auteurs de l’étude sont optimistes sur le procédé qui « ouvre un champ des possibilités assez immenses […] tel que celui des cellules bêta pancréatiques et les cellules endocrines du tractus gastro-intestinal ».

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