La filiation entre les antidépresseurs et le suicide s’avère n’avoir aucun fondement. C’est ce que révèle la ré-évaluation d’anciennes études dont les résultats ne montrent aucune légitimité scientifique.
Publiée le 6 février dans The archives of General Psychiatry, une étude montre qu’il n’y a pas de corrélation particulière entre la prise d’antidépresseur et le risque de suicide chez les utilisateurs. Les chercheurs ont ré-analysé d’anciens essais cliniques du chlorhydrate de fluoxétine et de venlafaxine, deux antidépresseurs plus connus sous leurs noms commerciaux respectifs : le Prozac et l’Effexor. Deux médicaments mondialement éprouvés qui traitent les dépressions sévères, la panique et les troubles bipolaires, entre autres. Etudiés chez l’enfant et l’adolescent, les essais montrent qu’il n’y a pas de relation spécifique entre ces traitements et les comportements suicidaires chez les 7-18 ans, comme la communauté scientifique le pensait avant. Selon la présidente de la Société française de psychiatrie de l’enfant, le professeur Marie-Michèle Bourrat : « il est déconseillé de prescrire un antidépresseur en première intention à un mineur, notamment en raison des effets indésirables de ces molécules : risque cardiaque, insomnie, désinhibition…S’il n’y a pas de risques avérés, du moins scientifiquement prouvés, entre le recours aux antidépresseurs et le suicide, pour le pédopsychiatre de l’Institut mutualiste Montsouris, Maurice Corcos, la méthode de l’étude n’est pas bonne : « C’est une erreur scientifique d’intégrer dans un même échantillon des jeunes de 7 à 18 ans. Les enfants et les adolescents ont des comportements et des réponses très différentes aux traitements et chaque individu réagit lui-même de façon indépendante à la maladie ou à sa prise en charge au sein de chaque tranche d’âge. Chez la personne âgée, la dépression est un facteur de risque majeur de suicide mais chez l’adolescent c’est beaucoup plus complexe. Des jeunes non dépressifs se suicident par exemple sans crier gare ».L’étude fait directement échos aux black box warning. L’agence américaine du médicament impose aux fabricants l’utilisation ce cadre noir pour prévenir du risque d’augmentation d’idées suicidaires lors de la prise des médicaments.