La période « peur du noir »
C’est quasiment immuable, tous les enfants passent par cette période « sombre ». Celle où la nuit venue, bébé perd tous ses repères, où il se sent comme abandonné tout seul dans le noir, puis se réveille en sursaut en se demandant où il est, en hurlant voire parfois en vomissant laissant face à lui des parents incapables de comprendre ce qui se passe de prime abord. Cette phase de la construction de la peur arrive en général vers les deux ans de bébé. Il a encore beaucoup de mal à distinguer la réalité de l’imaginaire. Seul dans son lit, les personnages fantastiques contés dans les livres ou encore les ombres portées ou les images saisies à la télé hantent ses nuits. Dans ce genre de cas, bébé a plus que jamais besoin d’être rassuré, il arrive parfois qu’un parent fatigué réveillé en plein milieu de la nuit ait du mal à garder son calme. Pourtant, c’est ce calme qui est nécessaire pour apaiser bébé, qui complètement paniqué ne sera apaisé que par la présence de quelqu’un, que ce soit les parents ou les frère et sœurs. Ainsi on évitera de gronder l’enfant car s’il se met dans cet état il ne s’agit pas d’un caprice, mais bel et bien d’un état de panique.
On peut également travailler en amont avec bébé en lui proposant la journée de reparler de son cauchemar de la veille. Certains pédopsychiatres conseillent même de faire dessiner le cauchemar comme il s’est déroulé dans sa tête et de partager ensuite ce qui l’effraie le plus dans ce dessin. C’est aussi un moyen pour lui de mettre les choses à plat et de se rendre compte qu’il s’agit de personnages imaginaires.
Françoise Dolto prévoyait trois solutions pour les enfants un peu plus âgés. Elle conseillait de mettre à disposition de l’enfant une petite lampe pour reprendre contact avec la réalité. Un verre d’eau pour reprendre contact avec soi-même ainsi que des feuilles blanches et des crayons pour dessiner et évacuer de soi la peur angoissante. On peut également le rassurer sur la nuit en lui faisant apprécier l’obscurité. Lui montrer comme la nuit peut-être belle lorsque le ciel est étoilé et que la lune brille. Le cauchemar a pour fonction de nous aider à évacuer les choses qui nous angoissent dans notre vie de tous les jours. Des cauchemars répétitifs voire des terreurs nocturnes sont le signe d’une peur enfouie qui n’a pas encore été entendue. Ces cauchemars peuvent parfois également traduire d’un état d’insécurité affective.
Les 10 choses à éviter quand un enfant a peur |
– Nier. « Ce n’est rien ». Les parents tentent de relativiser pensant aider l’enfant à se protéger de sa peur. Mais au contraire, il vaut mieux la reconnaître « Tu as peur ? Tu t’es fait mal ? Il faudra faire plus attention la prochaine fois»
– Minimiser. « Ce n’est pas la grosse bête qui doit avoir peur d’une toute petite ». Plutôt que de minimiser les craintes de l’enfant, il vaut mieux tenter de comprendre ce que représente cette bête ce qui pourrait le rassurer. -Humilier. « Ouh le petit bébé ! » Il n’y a rien de pire que de se sentir jugé ou humilié quand on a peur. Cela peut créer des blessures narcissiques et empêcher le développement de l’estime de soi. -Surprotéger. « Attention, tu vas tomber ». Ce n’est pas une bonne idée non plus car ça risque d’agrandir la peur initiale de l’enfant, voire même de transposer nos propres peurs et de l’empêcher d’évoluer face à certaines situations. – Forcer. « Viens avec moi, tu verras qu’il ne t’arrivera rien ! ». Le contraindre peut vraiment créer en lui une sensation de panique. Pire, ça ne lui permet pas de ressentir la sensation d’accomplissement que l’enfant perçoit lorsqu’il dompte sa peur. Il faut lui laisser le temps nécessaire pour dépasser ses peurs. – Culpabiliser. « Tu vois, à cause de toi, on n’a pas pu aller sur le manège! » Au contraire, ce genre de réaction risque d’intensifier ses craintes et sera un frein supplémentaire au dépassement de ses peurs. – Comparer. « Ton frère, lui au moins, il ose ». Le comparer amène celui qui a peur à se sentir inférieur à l’autre ce qui n’arrange strictement rien mais met à mal la construction de son estime de soi. – Préjuger. « Laisse tomber, tu es trop petit pour y arriver ». Le rôle de l’adulte est certes de protéger l’enfant, mais il vaut mieux également lui donner la possibilité de s’auto-évaluer dans ses capacités d’atteindre un objectif. – Crier. « Attention ! » Ce mot que l’on entend à tout bout de champs et qui pourtant peut créer un véritable état de panique chez l’enfant. Personne n’apprécie d’entendre son passager hurler lorsqu’il est au volant d’une voiture, c’est à peu près la même chose pour l’enfant. – Vouloir rassurer à tout prix. Cela revient à vouloir nier l’émotion que ressent l’enfant. Lui dire que ce qui lui fait peur n’existe pas, et ce contenter de cette explication ne suffit pas. Il vaut mieux écouter ce qu’il perçoit comme danger et ensuite le rassurer en prenant le temps d’expliquer que ça n’existe pas et pourquoi ça n’existe pas. |