Comment expliquer leur aisance, leur rapidité que bien des adultes leur envient ?
Une tablette tactile sollicite chez les enfants la coordination main/oeil, la première dans le développement de l’être humain, dès l’âge de 3-4 mois. Une compétence qu’ils ont totalement acquise à deux ans. Ce qui explique pourquoi ils sont si doués. En revanche, se servir d’une souris c’est plus compliqué. Agir à l’horizontale pour un résultat à la verticale est moins logique pour eux.
Faut-il instaurer des temps de jeux et ainsi limiter leur utilisation ?
En général, dès qu’ils savent marcher, il est plutôt conseillé de réguler leur autonomie et leur soif de liberté. L’autorité est utile. Même s’ils montrent quelques signes d’énervement, d’agressivité, puisqu’on les frustre, il est important de poser des limites. C’est très contenant. Il est impensable, voire inquiétant de laisser des enfants jouer des heures avec un écran ou un mini ordinateur. Mais c’est rare qu’avant 3 ans, ils puissent rester en place longtemps.
Mais tous ces jouets technologiques ne sont-ils pas en train de fabriquer une génération de presse-bouton, de geeks ou de zappeurs ?
C’est dans l’air du temps. Ils sont nés et ils vivent dans une société envahie d’écrans et de jouets technologiques plus savants les uns que les autres. Il est évident aussi que les jeux vidéo permettent d’appréhender leur environnement informatique futur. Mais si les parents laissent faire, les enfants vont spontanément, en grandissant, préférer interagir avec une tablette plutôt qu’avec les adultes.
L’avis de la psychomotricienne : Des jeux encadrés
« Avec les tablettes tactiles, le grand changement positif pour les enfants c’est qu’en les manipulant, ils sont sur un plan proche du graphisme et dans une action directe, car ce sont eux qui commandent. C’est un support sympathique, qui offre de nombreuses possibilités et développe un certain sens de l’espace. Ce qui permet aux plus petits de percevoir les formes, les couleurs, les jeux de construction de manière fort ludique. Tous ces jouets dits technologiques qui fonctionnent tout seuls, émettent force sons et lumières, peuvent aussi, quand ils sont utilisés de manière excessive, avoir un effet excitant.
L’enfant passe brusquement de la passivité à l’excitation. C’est donc aux parents de les accompagner dans ces activités et de gérer les temps de jeux. Et quels qu’ils soient, je préfère les supports qui se jouent à plusieurs. C’est bien de partager ces moments. De plus, comme ils stimulent surtout la vision et l’audition, au détriment de la motricité manuelle, du toucher et de la motricité large (marcher, courir, sauter), il est important qu’ils soient relayés par des activités autres. Il est également conseillé de respecter la personnalité des plus petits et de tenir compte qu’ils sont également très sensibles à tous les infimes détails alentours qui font le monde. N’oublions pas que pour devenir un geek intelligent, cela demande un bon équilibre psycho corporel ! »
Alexandrine Saint-Cast, psychomotricienne PhD,
Association pour la Recherche et le Développement Psychomoteur (ARDP),
Fédération Française des psychomotriciens (FFP).