Un Français sur dix a connu un épisode dépressif dans les 15 derniers jours ! Et 13 % disent avoir souffert d’anxiété ou de phobies très récemment. C’est ce que révèle l’une des plus grandes enquêtes sur la santé mentale. Les premières victimes de troubles psy : les femmes, les personnes séparées et les chômeurs. Quelles sont les conséquences d’une telle maladie invisible chez les parents sur leurs enfants ?
Les troubles psy touchent majoritairement les femmes. Elles sont ainsi 13 % à avoir connu un épisode dépressif dans les deux dernières semaines, contre un peu moins de 8 % des hommes. De même, elles sont beaucoup plus nombreuses à connaître des troubles anxieux généralisés. Les phobies sont également plus féminines et notamment l’agoraphobie, qui touche deux fois plus de femmes que d’hommes.
Les femmes, premières victimes
Il est prouvé que la dépression maternelle contribue à de multiples problèmes de développement chez le jeune enfant, notamment à une altération fonctionnelle sur les plans cognitif, social et scolaire. Les enfants dont la mère souffre de dépression sont au moins de deux à trois fois plus à risque de connaître des problèmes d’adaptation, y compris des troubles de l’humeur. Même les bébés de mère dépressive sont plus capricieux et inactifs, répondent moins aux expressions du visage et de la voix et ont un taux d’hormones de stress plus élevé que les enfants de mères non dépressives. C’est pourquoi l’étude du développement de l’enfant dans le contexte de la dépression maternelle constitue une grande préoccupation sociétale et représente depuis quelques décennies un axe de recherche important pour les spécialistes du développement dans la petite enfance.
Les enfants sont-ils en danger ?
Les enfants de parents dépressifs le deviennent-ils à leur tour ? Il y a de fortes chances. Les dépressions majeures des parents semblent entraîner chez leur progéniture des risques élevés de phobies sociales, de troubles majeurs du comportement et de la sociabilité ainsi que le développement de dépressions. Ces enfants ont neuf fois plus de risques d’être confrontés à des dépressions majeures que ceux dont les parents ne présentent aucun trouble.
Il nous arrive de croire que les enfants n’ont pas besoin de savoir ou ne devraient pas savoir, ou ne comprendront pas ce qui arrive à leur parent. Mais, avec le recul, on constate que bon nombre d’enfants ont dit qu’ils sentaient que quelque chose n’allait pas, mais qu’ils étaient incapables de préciser de quoi il s’agissait.
Les enfants ont besoin de renseignements, de réponses à leurs questions, d’un encouragement subtil à parler de ce qu’ils vivent et ressentent, et, comme tout le monde, ils ont besoin d’une enfance normale et heureuse, dans la mesure du possible.
Il faut en parler à la maison
Tout comme les adultes, les enfants vont remarquer que quelque chose ne va pas dans leur famille et vont essayer de comprendre. Le problème est que les explications auxquelles en arrivent les enfants laissés à eux-mêmes ne seront peut-être pas exactes. Par exemple, ils peuvent croire que la situation est pire qu’elle ne l’est en réalité ou que leur parent ne les aime plus. Il n’est bien sûr pas facile de le faire, mais il est important d’informer les enfants lorsqu’un parent souffre de troubles de l’humeur. Il existe de l’information pour les aider à comprendre un peu mieux ce qu’est la dépression: il s’agit de savoir quelle somme de renseignements leur fournir et à quel âge.
Les parents sont plus dépressifs que les autres adultes
Une recherche publiée dans l’American Sociological Association’s Journal of Health and Social Behavior montre que les parents vivent davantage de dépression que les adultes qui n’ont pas d’enfants. Cela reste vrai une fois que les enfants sont adultes et ont quitté la maison. Les chercheurs font l’hypothèse que les parents continuent de se sentir concernés par la vie de leurs enfants et de s’en faire pour eux. Les parents ont plus de soucis que les gens sans enfants et ceux-ci ne diminuent pas avec le temps croient les chercheurs.
Ces résultats sont significatifs considèrent les chercheurs car les autres rôles majeurs de la vie adulte, comme être marié et avoir un emploi, sont associés à un meilleur bien-être émotionnel. ??Les résultats montrent aussi que certains types de parents ont davantage de symptômes de dépression, ce sont les parents d’enfants adultes, que ces derniers vivent à la maison ou non, et les parents qui n’ont pas la garde de leurs enfants. Ce sont donc les parents qui vivent avec leurs enfants mineurs qui vivent le moins de dépression. Les résultats ne montrent pas de différence entre les hommes et les femmes. Ces résultats sont inconsistants avec ceux d’études antécédentes qui montrent que le fait d’être parent a plus de conséquence sur le bien-être émotionnel des femmes. ??Les chercheurs croient que cette étude présente une vision réaliste des difficultés associées au fait d’être parent dans notre société où les parents sont plutôt isolés. Ils encouragent ces derniers à rechercher davantage de support social.
Les maladies mentales sont-elles héréditaires ?
Une telle transmission a déjà fait l’objet de nombreuses études, mais cette « hérédité », si elle était confirmée, permettrait de mieux traiter les adultes et surtout de repérer les enfants à risques.
En mai 2000, les résultats des travaux du département de psychiatrie de l’université de Columbia notaient que les cas de dépression chez des adolescents et des jeunes enfants étaient plus fréquents lorsque les parents étaient eux-mêmes dépressifs. Mais seule la survenue de ces troubles, dès le très jeune âge, semblait associée à la réapparition ou la continuité de la maladie à l’âge adulte.
Mais toutes, ou seulement certaines maladies psychologiques, sont-elles transmissibles ? Cette question a motivé les travaux de nombreux pédopsychiatres. Dès 1991, l’équipe de Joseph Biederman émettait l’hypothèse selon laquelle les crises de panique et l’agoraphobie (peur des espaces vides et étendus ou au contraire de la foule) se retrouvaient plus facilement dans une même famille que la survenue de dépression.
La dépression post-natale touche 1 femme sur 10
La dépression du post-partum qui touche environ une jeune maman sur dix est encore mal décelée. Seulement 30 % de jeunes mamans, en effet, connaissent et vont consulter pour elles-même vers le 4ème mois de grossesse pour un entretien non médical. La dépression post-partum apparait le plus souvent après la naissance de l’enfant ou même bien plus tard, jusqu’à 1 an après l’accouchement. Raccourcissement du séjour à l’hôpital, retour au domicile, modification du corps, obligations et responsabilités, environnement affectif… autant de raisons qui peuvent être à l’origine de la dépression post-partum chez la maman. Une maladie psychologique difficile à traiter car difficile à détecter. En effet, rares sont les mamans qui après l’arrivée de bébé osent avouer qu’elles sont malheureuses. Et pourtant, 10% d’entre elles sont concernées.