Masser bébé: une chanson de gestes

En Inde, en Asie ou en Afrique, le massage est une pratique traditionnelle, transmise de génération en génération. Chez nous, le toucher fut longtemps tabou et le massage des bébés reste relativement peu répandu. Néanmoins, depuis une vingtaine d’années, quelques pionniers nous font découvrir des gestes ayant pour vocation de rassurer, détendre et soigner bébé. Car un bébé massé est un loustic qui dort mieux, digère mieux, bouge mieux. Tout bon pour lui ! 

Masser bébé : quand l’occident copie l’orient

Cette pratique ancestrale (on en trouve des traces 3 000 ans avant JC) s’est transmise en Orient de mère en fille jusqu’à aujourd’hui. Pour qu’elle commence à s’implanter chez nous, il a fallu quelques précurseurs… En 1973, l’Américaine Vimala Schneider McClure est initiée au massage des bébés alors qu’elle travaille dans des orphelinats indiens. De retour aux USA, elle étudie les diverses théories sur le développement de l’enfant et les effets du massage sur les nouveau-nés. Au fil de ses découvertes et de ses expérimentations, elle crée sa propre méthode de massage, en intégrant des mouvements empruntés à différentes techniques de massages du monde. En 1977, elle rédige un ouvrage sur le massage pour bébé et commence à l’enseigner. En 1981, elle fonde l’International Association of Infant Massage (IAIM) dont il existe aujourd’hui des antennes dans de nombreux pays.

Toucher son enfant, c’est l’aider à grandir

De son côté, l’anthropologue anglais Ashley Montagu a démontré dans un livre passionnant, La peau et le toucher (paru en France en 1979), que le toucher est un besoin universel et que le développement harmonieux de l’enfant dépend du fait qu’il soit touché. Il raconte qu’au début du XXe siècle, 60 % des bébés nés dans des orphelinats américains mouraient par absence de contact… Selon lui, une personne ayant été assez touchée étant enfant aura la capacité d’entrer en relation dans tous les domaines humains essentiels.

La tendresse, une nourriture indispensable

Enfin, en  France, le gynécologue Frédérick Leboyer, célèbre pour ses travaux sur un accouchement plus doux pour la mère et pour l’enfant (livre Pour une naissance sans violence, paru en 1975), rencontre à Calcutta Shantala, maman de deux enfants, recueillie par une association pour les plus démunis. Emerveillé par la façon dont elle masse ses enfants, il lui dédie son livre, « Shantala », sur la pratique indienne du massage des bébés (paru en 1976). « Les bébés ont besoin de lait. Oui. Mais plus encore d’être aimés et de recevoir des caresses », écrit-il.

Massage : les bons gestes pour le pratiquer

Pour commencer à masser bébé, il faut réaliser que la peau représente chez le nouveau-né la principale source de contact avec l’extérieur, alors que les autres organes des sens sont encore en développement. Pour les parents, outre un peu de matériel pour réaliser ce massage, le massage est une extraordinaire occasion d’entrer en contact avec leur bébé et de prendre soin de lui. Mais concrètement, comment ça se passe ? Un exemple avec Isabelle Gambet-Drago, masseur kinésithérapeute spécialisée dans le massage des bébés…

Elle reçoit à Antony, en région parisienne (siège de son association). Cet après-midi d’hiver, c’est Automne, un petit bonhomme de 4 mois, qui va profiter de ses conseils d’experte, de son enthousiasme et de sa voix douce. Isabelle commence par un cours sur le portage en écharpe (les parents ont pris l’option cours de portage + massage). Après cette première demi-heure, Automne est fatigué et s’endort, portée par sa maman. « Ce sont les aléas du massage pour bébé : si l’enfant est trop fatigué, s’il a faim, ce n’est pas la peine d’insister », explique Isabelle.

Premiers massages: Bébé peut choisir sa position

Elle continue avec une poupée, en montrant comment s’installer confortablement, l’enfant allongé à plat ventre devant soi : « une table à langer fait très bien l’affaire. Certains bébés préféreront être sur le dos, cela n’a pas d’importance ». L’avantage, sur le ventre, c’est que bébé a les bras repliés sous son sternum, ce qui le détend et lui permet de sucer son pouce. Dans cette position, elle commence par masser le dos : « après avoir mis un peu d’huile au creux de votre paume, vous posez la main droite sur l’épaule gauche du bébé, et glissez doucement vers sa fesse droite, voire jusqu’au pied droit.

Vous enchaînez avec la main gauche sur l’épaule droite et descendez vers la fesse gauche, et ainsi de suite, en épi croisé, en veillant à toujours garder le contact avec la peau du bébé », explique Isabelle. Elle précise que la main doit être totalement posée, qu’on ne masse pas avec le bout des doigts. Après quelques minutes, elle montre comment masser les jambes : « placez votre main gauche sur les fesses du bébé pour le stabiliser.

La main droite entoure la cuisse droite et descend jusqu’au pied, en effectuant une rotation autour du genou vers l’intérieur. Recommencez plusieurs fois avant de passer à la jambe gauche. Placez ensuite un pied entre l’index et le majeur : vous pourrez ainsi masser la plante avec vos deux pouces. Attardez-vous sur chaque orteil, sur le talon, les malléoles de la cheville, les côtés du pied, la voûte plantaire ». De même pour les mains. Et si bébé a tendance à refermer ses doigts (de pieds ou de mains), il faut placer un doigt derrière, en contre-pression.

 Les bras se massent de la même façon que les jambes. Bébé allongé sur le dos, on massera en diagonale sur le buste. Sur le ventre, on peut appuyer légèrement, en tour­nant dans le sens des aiguilles d’une montre. « Commencez par les bras ou les jambes n’a pas d’importance tant que le bébé ne marche pas, car son système circulatoire n’est pas mature », conclut-elle

Masser bébé: des formations ciblées

Après des études de kinésithérapie, Isabelle a suivi une spécialisation pour la prise en charge des enfants infirmes moteurs cérébraux. Elle enchaîne ensuite les expériences : en Thaïlande, dans les camps de Handicap International, au Havre dans une école spécialisée pour enfants handicapés physiques, puis à l’hôpital en maternité, en néonatalité, en réanimation pédiatrique et en pédiatrie.

Au fur et à mesure, elle oriente son travail sur la chaîne musculaire complète et découvre des positions qui font du bien, dont ce qu’elle a appelé « la position magique » : placé en position foetale dans les bras de l’adulte, en face à face, cette position permet à celui-ci de capter le regard du bébé et communiquer avec lui, pour lui dire des choses importantes.

 Aujourd’hui, Isabelle travaille en tant que masseur-kinésithérapeute au sein de l’association Edelweiss pour développer la formation pour le massage des bébés auprès des professionnels et des parents. Pour ceux qui ne pourraient venir jusqu’à elle, son livre Bébé Bonheur, paru à La Martinière, reprend pas à pas sa méthode de massage.

Association Edelweiss, 18 rue Léonie – 92 160 Antony (www.massage-bebe.fr). Isabelle a aussi formé la personne en charge des ateliers de massage bébé à l’Espace Weleda, 10, av. Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris (www.weleda-bebe.fr).

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