« Je n’arrivais pas à allaiter», « J’ai arrêté d’allaiter, ça me faisait trop mal », « je n’avais pas assez de lait »… vous reconnaissez ces phrases? On les entend souvent de la bouche des jeunes mamans qui avaient fait le choix d’allaiter mais qui ont dû se résoudre à abandonner. Et si il existait une raison et, encore mieux, une solution?
Il est extraordinaire de voir parfois à quel point la nature est bien faite : beaucoup de comportements par exemple sont innés : comment l’homme se dirige naturellement vers le rayon jeux vidéos au supermarché, comment les mais aussi (plus sérieusement), l’instinct maternel, ou encore la capacité innée du nouveau né de trouver le sein de sa mère, de le prendre et de téter.
Cependant tout n’est pas si naturel concernant l’allaitement. Par exemple, la position de la maman lorsqu’elle allaite:
Il existe sur ce sujet de nombreuses théories, qui s’entrecroisent avec les ordres des infirmières, les conseils des soit-disant bons livres ou de Belle-Maman…
Justement, le docteur britannique Suzanne Colson a fait une thèse sur ce qu’elle nomme le « Biological Nurturing » (BN). C’est en fait une nouvelle approche de l’allaitement qui accorde une grande importance au maternage corporel et son influence sur le nourrissage. En clair, cela consiste à étudier comment l’attitude de la mère envers son enfant lors de l’allaitement peut favoriser le bon déroulement de celui-ci.
L’attitude de la maman peut par exemple éviter les douleurs, responsables de bien des abandons d’allaitement.
Dans sa thèse, le Dr Colson souligne que l’allaitement est un acte naturel, conçu pour la survie de l’espèce tant humaine qu’animale. Si le caractère inné de l’allaitement se repère davantage chez les animaux, il est également présent chez l’homme. Un certain nombre des mouvements effectués par l’enfant lors de l’allaitement sont innés : trouver la source d’alimentation, s’y fixer et se nourrir. L’allaitement se fait en fait par des réflexes néonatals primitifs (RNPs) : il y en a une vingtaine. Ils sont les composants essentiels de la BN. Mais le comportement naturel est modifié par la façon actuelle de donner le sein, selon la norme imposée, c’est-à-dire assise le dos droit, campée sur les ischions, position appelée « position de dactylo ».
Laissez faire Bébé, c’est inné!
Cette position est notamment conseillée (ordonnée?) par certaines infirmières qui ont une idée bien précise, figée (bornée?) de la façon dont les mères doivent allaiter. En dictant au millimètre près à la jeune maman une position quasi médicale pour l’allaitement (qui n’est pas du tout en corrélation avec les réflexes innés), celle-ci ainsi infantilisée fait bien souvent un bloquage et renonce à l’allaitement.
Le problème de cette « position de dactylo » est qu’elle n’est pas naturelle. La mère est obligée d’effectuer une pression sur le dos de bébé pour qu’il ne bouge pas. Or la nature est tellement bien faite qu’une position qui va à son encontre et qui dénature l’attitude du bébé peut avoir des incidences. Bébé ne peut plus se servir de ses RNPs et l’allaitement se passe mal (mauvais transfert du lait, douleurs…).
L’allaitement est donc inné pour l’enfant. Et le bon déroulement de l’allaitement dépend de l’utilisation ou non des RNPs; Par contre, cette utilisation dépend de la position maternelle qui elle n’est pas innée.
Quelle est donc la bonne position, la plus naturelle ; qui permettra aux RNP de s’épanouir au mieux ?
Une bonne position, une position naturelle
Il n’y a pas de position correcte mais plusieurs. Avec le Biological Nurturing, Suzanne Colson décrit les caractéristiques d’une bonne position, celle qui permettra le plus au bébé d’utiliser ses réflexes innés. Elle recommande de n’être ni assise, ni allongée sur le coté, ni complètement couchée mais d’adopter une position semi-allongée, entre la position assise et la position allongée. Dans cette position, la mère est complètement relaxée puisque tout son corps est soutenu et surtout sa tête, sa nuque et ses épaules qui sont les points de tension principaux. Bébé est placé face à elle, allongé sur le ventre. Ce qui important, c’est la manière dont elle place son bassin osseux. C’est son positionnement qui va déterminer la relaxation du corps. Le but est qu’elle n’ait pas besoin de force pour porter le bébé, c’est son corps entier qui doit le porter, naturellement. Aux oubliettes donc le fameux mantra « nombril contre nombril » dispensé par les professionnels de la santé.
Evidemment, sur le plan pratique, il n’est pas possible de n’employer que cette solution. On n’a pas tout le temps l’opportunité de se « demi-allonger ». Néanmoins, il est recommandé de la pratiquer dès que possible pour la simple et bonne raison qu’ainsi, l’allaitement se déroule bien: pas de douleurs, pas de « je n’ai pas assez de lait » (il n’en est rien), et autres crevasses.
Cette étude d’observation le montre bien : Sur 27 mères, 12 seulement ont réussi une tétée efficace en position verticale dès la 1ere tétée et elle n’a été indolore que pour 3 d’entre elles. La position de la Biological Nurturing, en revanche, changeait immédiatement les choses.
De plus cette position permet de partager un moment privilégié avec le bébé : la mère, détendue peut ainsi découvrir son bébé, et le contempler…