Acné du nourrisson, croûtes de lait, érythème fessier, dartres ou eczéma, les maladies de peau des 0-3 ans leur causent bien des désagréments… mais ont un traitement ! Le point avec Clarence de Belilovsky, dermatologue à Paris.
L’acné du nourrisson
Bénigne, l’acné apparaît chez le nourrisson dès 3 semaines, due à la forte poussée hormonale de la mère en fin de grossesse. Elle est caractérisée par de petits boutons rouges et blancs sur les joues, le front et le menton du bébé, qui disparaissent d’eux-mêmes en quelques semaines.
Les parents qui consultent pour de l’acné le font plus par souci d’esthétisme… « Si on me pousse dans mes retranchements, je peux prescrire l’application d’une lotion antibiotique, explique Clarence de Belilovsky. Mais je préfère qu’on évite de traiter l’acné du bébé. Dans tous les cas, n’utilisez pas de traitement anti-acnéique de « grand », il serait très irritant pour la peau fragile du nourrisson », rappelle la spécialiste. L’acné peut persister jusqu’à 24 mois.
Les croûtes de lait
Les croutes de lait sont dues à un excès de sébum et un petit champignon (appartenant à la flore cutanée normale) chez le bébé d’environ un mois. Comme pour l’acné, elles sont liées au passage des hormones de la mère dans l’organisme de l’enfant et disparaissent assez vite. « Il ne faut pas hésiter à shampouiner la tête des bébés, même à l’endroit de la fontanelle, assure la dermatologue, car il y a un risque de surinfection. Au besoin, on peut décoller doucement les croûtes en appliquant une crème émolliente spécifique le soir, qu’on lave au matin. Mais jamais avec un peigne ! ».
L’érythème fessier
Le port des couches favorise les rougeurs du siège, car la peau macère dans l’humidité des urines et des selles. « Il faut donc changer souvent l’enfant, et ne pas mégotter sur la qualité des couches, conseille Clarence de Belilovsky. Mieux vaut choisir des marques reconnues, plus souples et aux élastiques moins irritants ». Diarrhées, poussées dentaires et changement de régime alimentaire (notamment au moment de la diversification) sont aussi cause d’érythème fessier.
Ce dernier peut parfois atteindre le haut des cuisses, l’abdomen et les organes génitaux. « Dès le premier centimètre carré de rougeur, n’hésitez pas à appliquer des crèmes « spécial change ». Si l’irritation ne se calme pas en quelques jours, il faut consulter un médecin » prévient la dermatologue. Des infections ont pu se développer, et de petites pustules apparaître. Le docteur prescrira alors une crème anti-mytosique et cicatrisante.
Au quotidien, toilette du siège et séchage minutieux de la peau (et notamment de tous les plis), constituent un moyen efficace de prévention de l’érythème. « L’eau suffit, mais on peut aussi utiliser une lotion douce. Par contre, il est inutile de mettre de la crème à chaque change s’il n’y a pas d’irritation, et encore moins du talc qui ne sèche pas, favorise la macération et le risque d’inhalation ».
Les dartres
Les dartres sont des taches ou des plaques de peau desséchée liées aux agressions climatiques (froid et humidité). Une véritable affection de l’hiver ! « L’utilisation de cold cream, à base de paraffine et de cire d’abeille, est parfaite pour les problèmes de sécheresses cutanées, tout comme les crème contenant du cuivre et du zinc », conseille la dermatologue. Elle est contre-indiquée en cas de lésion affectée ou suintante.
La dermatite atopique
L’atopie cutanée se manifeste par une atteinte de la peau : sécheresse, sensation de grattage et plaque d’eczéma. C’est une affection cutanée héréditaire transmise par les parents, pour laquelle on n’a pas encore isolé le ou les gène(s) responsables. L’allergie débute généralement vers 3/4 mois pour disparaître vers 5 ans. Mais dans 10 à 15% des cas, la dermatite atopique peut persister au-delà de la puberté… Dans les pays développés cette affection est en augmentation, et touche 20 % des enfants avant 7 ans. Le traitement se fait à base de corticoïdes locaux, très efficaces.
« Il existe actuellement une phobie de la cortisone, accusée de provoquer diabète et hypertension. Mais les crèmes pour bébé qui en contiennent sont sans danger dès lors que les prescriptions sont bien suivies » affirme l’expert. Les autres facteurs déclenchants de crises sont les infections (otite, rhume, vaccination, poussée dentaire), les changements de saison (automne, printemps) et les allergènes (alimentaires, respiratoires, de contact). Et plus l’enfant grandit, plus les contrariétés, le stress et les chocs émotionnels pourront déclancher une poussée.
« Si vous-même, parents, souffrez d’eczéma, d’asthme, de rhume des foins ou de conjonctivites allergiques (tous associés au même terrain allergique héréditaire), utilisez dès la naissance de votre enfant des produits hypoallergéniques, avant même qu’il ne déclare éventuellement une allergie », recommande C. de Belilovsky. Investissez dans des housses de matelas anti-acariens, bannissez la moquette et combattez la poussière, préférez les vêtements en coton et ne surdosez pas en lessive. Enfin, diversifiez l’alimentation du bébé le plus tard possible. En cas d’eczémas difficiles à stabiliser, des cures d’eau thermale sont indiquées.